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Pour la Coordination rurale, les prix rémunérateurs sont le « nerf de la guerre »

Amélie Rebière s'inquiète d'une définition de la souveraineté alimentaire qui « ne correspond pas aux attentes du terrain ».

Interrogée à l’Assemblée nationale, Amélie Rebière, agricultrice et adhérente à la Coordination rurale, a défendu l’importance d’intégrer la notion du revenu au projet de loi d’orientation et d’avenir agricole.

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Quand on lui demande, quelle est sa vision de l’agriculture pour les dix à vingt prochaines années, Amélie Rebière est catégorique : « Il faut d’abord traiter le mal principal, à savoir celui d’avoir des prix rémunérateurs. »

Auditionnée par les députés en commission des affaires économiques pour le projet de loi d’orientation agricole, la membre du comité directeur de la Coordination rurale a soutenu l’intérêt d’instaurer des prix rémunérateurs aux agriculteurs « nerf de la guerre » pour attirer de nouvelles générations, mercredi 27 mars 2024.

Dans le projet de loi sur l’orientation et l’avenir agricole, « le revenu agricole, on n’en parle pas beaucoup », juge l’agricultrice originaire de la Corrèze. En réponse à la création d’un service commun aux installations (le “guichet unique”), elle observe plutôt un problème d’attractivité du métier : « Il n’y aura pas d’installation si ce n’est pas un métier qui nous permette de vivre dignement. »

Souveraineté alimentaire

Autre point de discorde, la question de la production d'énergie par les agriculteurs. « On ne peut pas mélanger production agricole et production énergétique. » Cette dernière irait « à l’encontre de la production agricole » à cause du développement de l’agrivoltaïsme provoquant une « spéculation du foncier », s’alarme l’éleveuse de veaux..

Elle s’inquiète du lien établi entre les engagements internationaux via des accords bilatéraux et le concept de souveraineté alimentaire qui devrait, selon elle « être centrée à l’échelle française », pointant également les différences de charges entre agriculteurs européens sur l’emploi de salariés notamment.

En ce qui concerne les prix planchers, la représentante de la Coordination rurale ne se dit pas contre, à condition « qu’ils ne deviennent pas des prix plafonds ». Et quel moyen de pression conservent les agriculteurs si les industriels décident d’acheter ailleurs, pour moins cher, interroge Amélie Rebière, en demandant des clauses miroirs pour lutter contre la concurrence déloyale. « Tant qu’on n’aura pas de prix rémunérateurs, nous ne pourrons pas nous en sortir », assure celle qui n’exclut pas de continuer la mobilisation avec son syndicat si le projet de loi ne répond pas aux attentes « du terrain ».

Le projet de loi d’orientation agricole devrait être présenté en commission des affaires économiques le 30 avril. Les autres syndicats de chefs d’exploitation (la Confédération paysanne, la FNSEA et le Modef) sont attendus la deuxième semaine d’avril devant les députés.

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